Il se sentait déjà le prisonnier de la belle image. Dans le silence de sa petite chambre, il revoyait chaque détail, chaque geste, chaque attitude d’Olga. Le désir s’était éveillé avec la force brutale, capable de tout arracher, que seuls possèdent les sentiments très jeunes. C’était comme si Olga était encore devant lui, auprès de lui dans la chambre… Le regard l’appelait, la chevelure de feu l’éblouissait, la bouche méprisante et moqueuse attisait sa sensualité encore en sommeil, le corps – moulé dans la robe bleu nuit – exhalait la chaleur… Alain n’était plus seul : il vivait déjà avec celle dont il ne soupçonnait même pas l’existence quelques heures plus tôt. Il rêvait… Et peu à peu, le besoin impérieux de la possession – qu’il n’avait encore jamais connu – s’insuffla dans tout son être, pénétra en lui à un tel degré que ses tempes battirent et que sa chair frémit d’impatience. Il avait la fièvre, sa première fièvre d’amour…